Dans cette maison là, on y vient en pèlerin. Par hasard, mais guidé. On y vient perdu, pour trouver quelque chose, mais on ne sait pas encore quoi. On y vient lâcher prise d’autre chose, mais on ne sait pas encore quoi. On y vient parce qu’un bout de nous est arraché, cassé, pendant, bringuebalant, sanguinolent. On y vient parce qu’une partie de nous s’est effondrée en route. On y vient parce qu’ici un espoir s’élève au milieu de nulle part. Parce que c’est éclairé dans le noir. On y vient et il n’y a pas de porte, il n’y a pas de fenêtre, pas de balcon. Il y a des bras, des yeux qui vous sourient dans le jardin, un bol de soupe chaude sur un bout de table, un grand feu au milieu, pas d’enclôt, un lit dans une cabane, un poêle à bois, un tout petit ruisseau. On y vient enfermé, on y reste pour se libérer. On n’a pas envie forcément d’en parler.