Festival et autres textes collatéraux
Pendant que les vautours dépouillent les cadavres
les papillons donnent vie aux fleurs.
Dans le champ de l'humble laboureur,
tout se transforme, rien ne meurt.
Et celui qui quitte le port, celui qui n'a pas peur
bientôt trouvera son havre.
Son havre de paix et son âme soeur.
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Dans l'entresort des clameurs
s'égrainent des années de labeur.
Le désert des heures
se rétracte jusqu'à l'os des minutes.
Dans le décor des corps enluminés
le temps est toujours incomplet.
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Selon l'endroit, selon l'envers
et l'inclinaison de l'univers
les astres s'alignent parfois parfaitement.
Par des regards, alors, les langues parlent
et s'enlacent secrètement.
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Une saison en enfer se termine,
que crépitent les feux follets des cimetières !
Et que vive la liberté conquise. La liberté qu'on arrache avec les dents. La liberté qui casse les pieds. La liberté qui percute obstinément les murs et se joue des bâtons dans les roues. Qu'elle vive et revive, même quand elle meurt.
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La macération provinciale tente d'envaser les élans, les mouvements. Il ne fallait que mûrir une pensée, grandir un rêve, suivre une voix intime, lancer un énième cri vers la montagne, le faire seule et laisser venir à soi les échos et les anges.
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Laisser qu'il advienne quelque chose qui nous dépasse. Laisser chacun le vivre plus fort et plus loin. Laisser que le présent du lieu se diffracte en mille souvenirs dans la mémoire ondulaire de la foule.
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Nous voulons garder dans notre bouche le goût des regards et des bras qui nous serrent. Nous voulons boire jusqu'à plus soif de cet amour, et nous enivrer de cette humanité de bohème. Nous voulons refaire, revivre, les mêmes émotions. Nous voulons revoir le spectacle. Mais nous nous trompons. Ce serait une récidive. Car le magique est par essence éphémère et irrépétable.
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Le droit à cette part de lumière. Le droit à cette écoute là. Le droit d'être, amplement, ce que je suis, ici et maintenant. C'est ce que nous avons tenté d'atteindre et de donner.
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Il se rumine encore dans les vieux pots
des jalousies et des désirs d'emprise.
Alors on s'éclipse par les canaux, suivant le vol des oiseaux.
Le mépris, les rumeurs, les stratégies, les mains-mises, les égos
s'évaporent dans les couleurs d'automne à la surface de l'eau.
Nous sommes des pirates de l'instant présent.
Les hirondelles enjouées qui dansent entre les grappes de moustiques.
Qu'ils nous arrêtent s'ils le peuvent !
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