Amabam amare
Ce que nous aimons, c'est l'amour.
Saint Augustin
La question de l'amour comme moteur de l'écriture se pose à moi de manière récurrente. La tentation est grande, toujours trop grande, de composer une poésie, une lettre, une déclaration, de me livrer à n'importe quel acte écrit, tant qu'il est d'amour et qu'il s'adresse uniquement à l'être aimé. La tentation est grande, c'est un piège, d'y consacrer des heures et de ne plus en dormir.
Ecrit sur écrit, mot après mot, la pensée devient tautologique, l'histoire se fait anecdote et de tout cela, si peu est envoyé à l'autre, et si peu est reçu par l'autre, que l'entreprise est en soi vaine et condamnée.
Il n'en reste jamais grand chose à la fin, juste des mots carbonisés, comme des mégots dans un cendrier.
Pourtant l'écriture - tout comme la cigarette - m'est vitale pour comprendre et déconstruire. Pour consumer le deuil d'amour.
La perte de la muse est une catastrophe, un cataclysme dans l'âme de qui écrit. Au-delà des brûlures et des insomnies, il n'est peut-être rien d'important, ni qui, ni comment, ni jusqu'où, rien d'important sauf aimer, et brûler d'amour.