Il y a dans la marche en forêt une guérison à un mal incurable.
Les pas de la pensée s'inscrivent dans les distances arpentées, dans les sentiers foulés.
Un pied devant l'autre, l'équilibre gravissant, la carcasse s'agrippant, l'être reprend vie et corps. Il trouve sa place dans l'espace empli du désintérêt des masses.
Au milieu des herbes et des vivaces, les ronces recouvrent la peau de la terre et s'agrippent aux mots du marcheur sans destination.
Les nuages s'étiolent au rythme de cette joyeuse pensée qui gambade par monts et par vaux.
La solitude retentit de toute sa force, elle s'étend sur le paysage, l'emplit d'une grande bouffée d'air.
Le présent et ses soucis pour un peu restent loin derrière, on croit les avoir semés. Et là, sous la grandeur des arbres, on vit et l'on pense de beaucoup plus haut, de beaucoup plus profond, et l'on est ainsi aéré, dépoussiéré et lavé par l'éternité inviolée d'un long chemin de forêt.