nous marchions
mais le verbe n’existait plus
plus aucun mot ne pouvait agir
entre les échafaudages de façades
et les immeubles enrubannés
nous frissonnions face à ces
palais de toiles
fantômes aux orifices
voyeurs et aux portes interdites
nous n’osions voir en face
les nefs centenaires
s’étaler
en débris martyrs
nous imaginions bien les
brouettes et autres brancards ailés
les barbotages et les envolées
que cet abandon provoquerait
absidioles et coupoles
campaniles et chapelles
ne se laissaient même plus regarder
au croisement des transepts
la beauté avait éternué
dans un nuage de poussière
le voisinage de néant
aux places écornées
aux coins de rues sanglées
nous soufflait son grincement
de silence
le quartier de gravas défiguré
dissimulait pour grande part
ses yeux au beurre noir
la ville dépossédée
que nous tentions de recartographier
slalomait entre les bouches ouvertes des routes
le long d’une faille cisaillante
d’où l’on entendait encore
les morts appeler