L'île 2

En me garant Place Jacquard, de bon matin, je vis ce jeune garçon en train de faire les poubelles de la Caisse de Capitalisation de Lille. Je me figeai dans ma voiture pour l'observer, bouche bée. Il avait tellement de dextérité dans sa manière si délicate d'éventrer les sacs poubelles, puis d'en sortir et de trier un à un les éléments qui y étaient contenus, comme s'il s'agissait de boyaux précieux, qu'on n'avait pas l'impression que ce qu'il était en train de faire était sale ou dégoutant. 

 

Il trouva un paquet de café encore entièrement emballé et des écouteurs qu'il mit dans son sac, accroché au guidon de son vélo. Il ouvrait tout doucement les larges couvercles des poubelles, prenant du bout des doigts les sacs plastiques qu'il perçait de son ongle et dont il inspectait le contenu, scrupuleusement, majestueusement. Entre les bouteilles vides et les vieux emballages de fromage qu'il sortait, on n'entendait aucun bruit. Les quelques passants le dépassaient indifférents. La ville semblait se foutre éperdument de lui et il me donnait l'impression d'être un chat, un félin royal et malin, un animal somptueux, élégant et habile dans chacun de ses mouvements. Invisible aux éventuels prédateurs. 

 

Il avait un port altier de garçon fier. Il était cruellement beau. En cet instant, je voulais l'aimer. Il ne me vit pas, il continuait tranquillement son exploration des déchets du monde. Puis il referma la large poubelle, toujours sans un bruit, monta sur son vélo, satisfait de lui, et partit la tête haute.

 

 

 

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