La petite bourgade de la forêt noire est devenue le paradis symbolique, le sanctuaire éternel de mes quinze ans. Là est mon vrai foyer. Mon adolescence romantique est toute entière dans ses routes sinueuses, dans ses collines douces, dans ses maisons aux façades massives, dans ses fenêtres, ses portes et ses jardins décorés de petites étoiles, de lunes de bois, de cœurs en fer forgé, de guirlandes de lumières. Schopfheim est mon heim, là où mon âme est enfin chez moi. L’alémanique y chante et réveille mes oreilles, comme une vieille chanson que je connais par cœur. L’amour y coule, comme une source cachée sous la maison. J’y retourne à l’âge où tout est possible, où tout est encore à faire. J’en repars gonflée, rassasiée d’une chaleur qui emplit mon ventre : es gribelt im Bauch. La machine à rêves tourne à plein feu. J'échappe à ma propre fausseté et je redeviens enfin ce que je suis vraiment.
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