La farce

Car le chat embrasse toujours la souris jusqu'à son dernier souffle.

Anonyme

 

 

 

J'avais des langueurs, des réticences, et de l'inconfort à être. Dans une sorte d'embarras permanent de moi-même, je ne savais que faire de mon corps, je me rongeais les ongles, je retenais ma voilure, je me cachais parfois, souvent. 

 

Je prenais tout très au sérieux, chaque mot prononcé était parole d'évangile, certains m'impressionnaient, repliant sur mes grands yeux apeurés, leur aile d'emprise malsaine. 

 

Je n'étais jamais vraiment moi-même, et vivais pour les autres, cherchant, par mon amabilité, ma loyauté, ma dévotion à toute épreuve, à gagner leur amour. Ils le savaient et en jouaient. 

 

Ainsi allait en s'élargissant le gouffre de mon existence, si je n'avais un jour touché le fond de ma propre transparence, et entrevu un petit bout de néant béant. 

 

J'allais passer à côté de moi, de ma vie. Heureusement je suis revenue à mon essence. Je me suis détendue, je me suis étirée, de la terre aux ciel, je me suis déployée, et j'ai vu soudain à quel point je dépassais, de tous les côtés. J'ai senti que j'étais en fusion avec l'univers chiffonné en expansion aléatoire autour de moi, et je me suis mise à grandir, grandir à l'infini. 

 

J'ai savouré chaque moment de ma transformation, l'effet du temps sur mon espace, le changement des regards sur mon passage, le gout plus doux de chaque expérience. Je me suis enroulée aux ficelles des airs, me suis laissée emporter aux ondulations des champs magnétiques, scrutant chaque horizon, suivant chaque ligne de perspective. Je me suis hissée à ma propre hauteur de vue et d'entendement du monde, et j'ai su que j'étais plante et pierre, que j'étais larve et papillon, que j'étais lion et poisson, que je pouvais planer tout là haut et m'enraciner ici bas.

 

Et je me suis mise à rire, de moi-même comme de mes blessures, je me suis moquée, et j'ai vu comme la vie est une farce. Une comédie humaine. Je suis entrée dans un perpétuel fou-rire. Hilare à en pleurer, je me suis mise à marcher, puis à voler, puis à nager, et à cabrioler, selon ce qui me plaisait. 

 

 

 

 

 

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