La tournée

Si j'écris ce que je ressens, c'est qu'ainsi je diminue la fièvre de ressentir. Ce que je confie n'a pas d'importance, car rien n'a d'importance. Je fais des paysages de ce que j'éprouve.

Fernando Pessoa

 

 

 

 

 

 

 

En bateau. En train. En voiture. En bus. En camion. En avion. En suivant. En conduisant. En pensant. En écrivant. En imaginant. En dessinant. En rêvant. En aimant. En désaimant. En fuyant. En y allant. En mouvement. Ainsi va ma vie. 

 

Je recherche ce temps du transit, du trajet, du transport. Si je pouvais je ne ferais que passer de ports en ports. Car j'aime plus que tout l'intermède du voyage, où le temps se suspend et où tout se tend vers la destination à atteindre. Attendre. Attendre d'arriver, il faut savoir habiter temporairement ce passage, d'une rive à l'autre. Il faut accepter les dangers qui le sillonnent. Et avancer, toujours un peu plus loin. Se faufiler dans la masse des gens. Tracer sa propre route dans l'infini des routes possibles. Voilà le meilleur moyen d'explorer l'inconnu en moi-même, l'altérité qui me traverse de mille démarches, de tous ces regards passants, de ces kilomètres de paysage qui défilent. Au final, c'est toujours mon visage que je regarde dans le reflet du hublot. 

 

Je vis aussi pleinement l'arrivée. C'est comme rentrer à la maison, mais une maison de l'ailleurs, une maison surprise. De quoi ai-je vraiment besoin? D'un bon lit? D'une douche chaude? D'un repas sur la table? Si je trouve ces trois choses là, alors je suis chez moi. Le reste est un jeu de découverte. Les âmes autour éclosent comme des fleurs, elles effacent les peurs qui s'évaporent au fur et à mesure des heures passées là. Les gens vous aiment encore plus quand ils savent que vous allez bientôt repartir. Monter. Jouer. Démonter. Le travail est simple. S'émerveiller. Découvrir. Rencontrer. La récompense est grande. Echanger: adresses, recettes, sourires ou larmes. C'est au moment de repartir que j'habite pleinement le lieu que je vais quitter. La tournée fait place à une suite d'enchantements qui me confirment le besoin vital de (re)tourner. 

 

Je salue mes hôtes, frères et soeurs de ces temps et de ces lieux transitoires. J'embrasse ceux qui restent là. Et je repars. Repartir, se remettre en chemin, est la boucle bouclée. De nouveau le temps se suspend, pour laisser que le corps se déplace dans l'espace. De nouveau j'attends d'arriver. Pour recommencer. Chacune de mes étapes est comme ajouter une nouvelle pièce à ma maison. Ou agrandir ma famille. La tournée repousse toujours un peu plus loin les clôtures du jardin. 

 

 

 

 

 

 

 

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