Ennui dominical carolopolitain. 

Surgissement de la langueur provinciale d’une rue déserte.

Rue du moulin, moulin qui n’en est plus un et qui peine à faire office de musée. Le buste de l’enfant terrible est géométriquement aligné sur la perspective de la place ducale. Angoisse. Vite, fuir la rimbaldie locale satisfaite d’elle-même. 

En empruntant une route n’importe laquelle, on débouche heureusement sur un vallon, en bord de départementale. Eclaboussure d’une ornière visqueuse. Souvenir des pluies de juillet. Route poétique. Itinéraire touristique. Sympathique aire de pique-nique. 

Lassée de suivre les itinéraires, j’ai envie d’enjamber les barbelés, de couper à travers champs. Je suis là, bientôt gravissant monticules et taupinières, les semelles embourbées, évitant bouses et marécages vaseux. Les vaches, toujours curieuses, suivent d’un regard étonné, ma démarche hasardeuse. Couper des pissenlits, ramasser des cailloux, dénicher des fossiles s’il en reste. J’avance, enfant libre, tête baissée, sous le ciel détrempé. 

La forêt défile, autour de la voiture, les vitres grandes ouvertes sur l’air boisé qui s’engouffre. Pluie d’éclaircies sur les fougères humides, je roule vers l’ailleurs tout près. 

Passage de frontière. Décrocher en Belgique. Je tournicote dans le bourg du bas, je farfouille dans le bourg du haut. J’entre par les porches, je pousse tous les portillons, décidée à m’incruster. La réaction ne se fait pas attendre : vous cherchez quelque chose ? C’est privé ici… Moi je dis qu'ici les gens sont comme les murs, de pierre grise et de lichen, des massifs de méfiance, encastrés dans les recoins de la terre. 

Que faut-il faire pour ne pas se laisser pénétrer par la mélancolie des espaces ? Combien de grilles rouillées, d’ombres froides, et de murets fissurés faudra-t-il aborder avant de trouver un sourire avec qui partager le ciel du dimanche ? 

Marche