Oreilles

 

Voilà que la nuit est tombée. J’avance en tâtonnant l’obscurité. J’ouvre un chemin aveugle. 

Un chemin qui ne préexiste pas, qui se crée sous mes pas. 
Dans une forêt de nuit, une forêt de noir intense et ses bruits. 
Quelques dryades m'observent, perchées, et s’envolent en rires d’effraie. 
Les branches jouent des notes de harpe au hasard des vents. 
Une pluie de percussions tombe finement. 
Commence une symphonie grouillante sous les feuillages frémissant. 
Un thème. Des variations qui vont et viennent. Et font soupirer des cordes. 
Une canopée pour hamac. S’installer là, sur la toile du vide et écouter ardemment le fond sans image de la forêt. 
L’oreille collée à un nuage en forme de coquillage, les yeux fermés, j’écoute ce son - originel. 
Avant qu’il ne soit songe, ou mensonge, et que la lumière n’explique ses faits et gestes. 
Une marche, immobile, une promenade par les oreilles. 

 

 

 

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