En lisant, ça me pique les yeux. Je le vois jouer avec ces femmes, ses petites amoureuses, comme avec des pantins, des marionnettes, et les secouer, les heurter, leur claquer la tête, dans un excès de folie, en leur intimant de danser ensemble dans l'espace du poème. Je vois ces femmes mortes, corps inertes, cheveux emmêlés, tanguer et bringuebaler au rythme de ses fou-rires nerveux et de ses montées de violence. Je le vois lui tel un géant sadique.
Comme il a dû les aimer pour ainsi les haïr, comme il a dû leur en écrire des poèmes dédaignés, qu'il a jetés au feu, pour ne leur laisser finalement que celui-là en souvenir.
Extrait du poème
...
Un soir, tu me sacras poète,
Blond laideron :
Descends ici, que je te fouette
En mon giron ;
J'ai dégueulé ta bandoline,
Noir laideron ;
Tu couperais ma mandoline
Au fil du front
Pouah ! mes salives desséchées,
Roux laideron,
Infectent encor les tranchées
De ton sein rond !
0 mes petites amoureuses,
Que je vous hais !
Plaquez de fouffes douloureuses
Vos tétons laids !
Piétinez mes vieilles terrines
De sentiment ;
- Hop donc ! soyez-moi ballerines
Pour un moment !..
Vos omoplates se déboîtent,
0 mes amours !
Une étoile à vos reins qui boitent,
Tournez vos tours !
Et c'est pourtant pour ces éclanches
Que j'ai rimé !
Je voudrais vous casser les hanches
D'avoir aimé !
...