Il pianote frénétiquement:
En réponse à ton message,
je pose la question :
y-a-t-il un destinataire à ces écrits ?
Forcément.
Mais il faut le faire taire.
Car l’écriture commence justement là où il n’est pas, là où il n'est plus.
Quand il se dilue dans l’être de papier, dans l’architecture de l’écriture.
Quand il se dissout dans l’abstraction du langage, jusqu’à ne plus être.
Le destinataire nous échappe, autant que nous le dépossédons de lui-même par nos mots.
Ces mots qui autorisent chaque lecteur à croire qu’il en est le destinataire.
Je renvoie aux quatrièmes pages.
Car je n’oublie ni le sens ni le son du pronom « tu ».
En relisant une dernière fois avant d'envoyer, il porte machinalement ses doigts à sa bouche et s'empêche de ronger ses ongles.