Poursuite des chroniques du rat sous le lit.
Variation déterminante: le rat est laid.
Décidément. Définitivement. Très laid.
Il porte sur son visage ankylosé les méfaits secrets de ses sombres entrailles.
Le rat tourne la tête, détourne les yeux, devant le regard juste et honnête qui fait face.
Le rat est une caricature du rat, un nez pointu levé au ciel, sous des yeux mesquins en fuite, il méprise le monde.
Le rat est une ordure, de la pire espèce, qui ose sans crainte se montrer.
Et bouffer à tous les râteliers.
Les rats entre eux se rassemblent pour sembler, et quitter le navire. Ils fuient là où s'entassent des miasmes d'opulence, qu'ils préfèrent toujours à l'inventivité de la dalle.
Ils dénigrent la grâce et la beauté, pourvu qu'ils lèchent les pieds puants du pouvoir et de l'argent. Ils se retrouvent ainsi entre petits commerçants et se vendent des enfants morts dans leurs boutiques.
Le public continue d'applaudir, un peu comme il continue de regarder la télé, ou d'aller au supermarché. Par habitude, par défaut. Il applaudit les rats, qu'un jour il oubliera.
Oublie-rat.
Le rat bien laid.