L'eau sacrée

 

Epilogue: dieu est la femme de ma vie

 

 

 

De l'amphore vaginale se déverse l'eau, l'or, l'orgasme qui enfante le monde. 

 

Ce passage est sacré autant qu'à profaner. Je suis son tout et sa partie. 

 

Et je me demande, sincèrement: 

 

Comment avons-nous pu ne pas en faire une religion ? 

 

Comment avons-nous pu laisser ce rôle à "dieu le père" ? 

 

Je veux dire aux femmes, de toute mon âme rafistolée, avec tout mon crédit d'amour illimité, que c'est moi, que ce sont elles, que c'est nous qui créons le monde à venir.

 

C'est par nous que transite le souffle de la vie, c'est nous qui étirons le cosmos en expansion. 

 

Nous sommes Dieu. 

 

Nos jouissances océaniques irriguent les veines du règne vivant depuis la nuit des temps. 

 

Par bonté divine, peut-être, nous laissons croire aux hommes ce qu'il ont besoin de croire. 

 

Mais nous sommes la Femme, Créatrice Originale, Déesse Primordiale, et nous le sommes toutes plus que chacun de leurs dieux tout-puissants. 

 

Leurs dieux sont des imposteurs, des travestis. Nous sommes l'Indicible par lequel ils balbutient. 

 

Quoi qu'ils en disent, c'est nous qui accouchons les hommes, et encore nous qui les protégeons, les élevons.

 

Jusqu'où les élèverons-nous? 

 

Je veux dire aux femmes qu'elles s'appartiennent. Elles n'appartiennent pas à leur père, à leur mari, à leur mec, à leur amant, à leur patron, à leur dragueur, à leur agresseur, à leur harceleur, à la société, à la publicité, au marché de l'emploi, à la religion... Elles n'appartiennent à personne d'autre qu'à elles-mêmes. Les femmes s'appartiennent. 

 

Et au-delà d'elles mêmes, elles sont les créatrices et les garantes de l'humanité. 

 

Nous nous devons de verbaliser notre religion, d'élire nos prophètesses, nos prêtresses, nos déesses. D'inventer notre genèse. De faire advenir l'humanité, qui chérie ses mères, ses nourrices, ses soignantes, ses aimantes, ses femmes, et l'amour féminin qu'elles font circuler, sans lequel les hommes se serraient déjà tous entretués. 

 

Dans cette religion, imposer notre fondement sacré: la jouissance ! c'est à dire l'appartenance corporelle, sexuelle, psychologique et morale total de soi-même, sans renoncement d'aucune sorte. Car c'est par le jaillissement de nos eaux sacrées que la source du monde se remplit, que les fleuves, les mers, les nuages communient, et que la vie s'épanouit. C'est dans le vagin humide que le miracle se produit. C'est dans ce liquide amniotique que baigne toute la chaîne humaine. 

 

Il faut que le monde rende aux femmes leur pleine jouissance de la sexualité, qui est au coeur de la question de l'humanité. 

 

Ce pouvoir de notre corps de femme, qui donne naissance, génération après génération, devrait être le sens, l'essence, la substance qui abreuve notre soif de spiritualité, nourrit notre désir du sacré. 

 

Mais nous avons laissé les hommes s'accaparer l'héroïsme de la création, de la toute-puissance divine. Nous nous sommes laissées évincer du processus, reléguées au rang de simples reproductrices d'élevage, allant jusqu'à croire à la virginité de Marie... L'ineptie ne mérite même pas d'être plus développée...

 

Nous les avons laissés vendre le sable, les pierres, les hommes, les femmes, les enfants. Nous les avons laissés détruire les terres, les mers, les plantes et les animaux, les insectes, les oiseaux. Nous les avons laissés violer. Nous les avons laissés tuer. Nous les avons laissés piller. 

 

Jusqu'où les laisserons-nous faire? 

 

L'heure est venue de connaître, et faire reconnaître notre pouvoir: nous détenons la clé de la chaîne humaine. Nous seules pouvons réparer ce qui peut encore être réparé: le bien commun, l'entraide, la raison, et l'amour, dans sa justesse, sa nature profonde, doivent revenir au coeur de nos actes et de nos ferveurs. 

 

Il est temps. 

 

De nous aimer. De nous adorer. Comme des idoles. De nous sacraliser pour nous mêmes. De femme à femme. De déesse à déesse. 

 

De nous appartenir et de reprendre en main le destin de l'humanité. 

 

Être Femme

convertie à l'adoration de la Femme. 

 

...

 

 

 

 

 

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