la vision

Une dialectique soutend notre approche à la marionnette, c'est celle de la vision, dans sa conjugaison: voir-imaginer.

 

Dans Fondamentaux de la manipulation, François Lazarro écrit: “La marionnette n'existe que dans l'oeil de celui qui la voit”.

 

Il y a certes l'habileté technique du manipulateur, mais il y a aussi un ajustement de la vision, une recomposition interne de l'image, une part de création du spectateur, qui voit et compose lui-même l'image, au-delà de ce qui lui est montré. La suggestion suffit à composer un tout qui n'existe pas (principe de métonymie). 

 

L'image est le concours des deux processus : le manipulateur, par la suggestion d'un mouvement, ébauche une séquence de gestes, qui est recréée sous la forme d'une image fluide par l'oeil du spectateur, qui en construit le sens pour lui.

 

Deux phrases me viennent en tête:

 

Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant.
Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.
Arthur Rimbaud, lettre du voyant

 

Il faut voir que les ombres sont des choses réelles et que les choses sont des ombres illusoires.
Raoul Ruiz, cité dans Les Mains de Lumières, de Didier Plassard

 

Il faut se faire voyant, il faut voir, et donner à voir.

Du théâtre d'ombre au cinématographe, raconter une histoire c'est mettre en mouvement des images, c'est manier l'art de l'apparition et de la disparition, l'art de la suggestion et de l'évocation, la force des formes et des symboles, l'efficace du geste.

 

En marionnette, on donne à voir par métonymie, on aide l'autre à se faire voyant, à construire ses propres visions.

 

D'un rien, d'une ombre sur une feuille de papier froissé naît un personnage. Sur un voile étiolé apparaîssent des chantiers, des gratte-ciel, puis toute une ville se révèle, qui dormait là dans la matière, et dont nous voyons s'éveiller les ombres. De l'autre côté de l'écran, placés devant la lumière, ce sont des cagettes de plastique, des bouts de papier, des petits jouets. La simplicité d'objets sans valeur projetant d'eux-mêmes une forme imprévisible.

 

Le regard s'ouvre, avide d'images et de sens, et assume les trous, les oublis, les manques à combler, avec l'imaginaire. Il en voit les possibles au-delà.

 

Les choses, selon comment on les donne à voir, offrent d'elles-mêmes une autre essence. C'est peut-être en cela que la pensée marionnette (think puppet !, dit Roman Paska) nous aide à transformer les objets en oeuvres d'art.

 

 

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