émeraude

J’aimerais aimer comme l’émeraude est verte, a écrit la philosophe Simone Weil.

 

Peut-on aimer juste par émission d’ondes minérales ? Comme un spectre dépouillé de toutes attentes ? Sans aucune intention ? Par simple inertie et gravité ? Par une silencieuse alchimie souterraine ?

 

L’émeraude n’a pas le même vert selon la lumière, et selon comment on l’extraie, comment on la travaille. Une pierre précieuse peut être brute, ou taillée, polie, sertie, enveloppée dans un écrin. Bien qu’elles soient pratiquées en évitant un maximum de perte, ces mutations font que toutes les émeraudes ne brillent pas avec la même intensité. Il y a des émeraudes non-traitées, des émeraudes traitées, des morillons, des demi-morillons. Elles n’ont pas toutes le même vert.

 

Donc la nature de l’amour, si on pouvait aimer comme une émeraude est verte, serait différente d’une pierre à l’autre. Comme chez les êtres humains, certaines pierres aimeraient plus intensément que d’autres. Les émeraudes ne pouvant pas parler, cela ferait juste moins de bruit.

 

J’aimerais aimer comme un fleuve coule. Sans jamais discontinuer. Par flots et limon charrié. Je ne suis pas une pierre. Pas même une pierre précieuse. Je ne suis pas attachée au cou d’une femme vaniteuse. Prisonnière de ce cœur, l’émeraude zamarat des Perses. J’aimerais aimer comme un poumon respire. Comme poussent les feuilles d’un arbre à chaque printemps. Comme souffle le vent dans les branches. J'aimerais aimer. 

 

Et s’il est une couleur comme laquelle j’aimerais aimer, c’est le rouge du sang. Dans une hémorragie de poésie, un fleuve de mots rouges toujours en mouvement, rejoignant tantôt les nuages, tantôt l'océan.

 

 

 

 

 

 

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