Là venait de s’ouvrir la via Supra Posteria, une rue comme je n’en avais alors jamais vue. Un architecte qui assura mon accueil depuis les portes de la cité me révéla que les miasmes et la puanteur de l’air étaient sans doute à l’origine des épidémies que nous connaissions partout en Europe. Que la santé de la ville tenait dans la bonne circulation de son air. Qu’il souhaitait, pour édifier les prochains quartiers, collaborer étroitement avec des médecins. Mon auberge se trouvait non loin de la piazza del Campo à peine tracée. Malgré le dépeuplement causé par la peste, la ville était un chantier urbain d’une impertinente audace. Le pouvoir s’assoyait ici par la grandeur et la magnificence de ses palais, de ses loges et de ses villas et les projets des castellari encourageaient les arts et les techniques à évoluer. Chaque atelier était une école, avec des compagnons expérimentés et des apprenants inventifs. Tous étaient concurrents et complémentaires dans l’habileté et la finition du travail. Je vis qu’il y avait encore tant de choses à créer, qu’il fallait peut-être douter, pour dépasser ses maîtres.