28/12/2016
Je l’ai désassemblée entièrement. Puis je l’ai réassemblée avec un fil élastique plus épais, plus puissant. Ca lui donne une toute nouvelle tenue. Bien meilleure. La marionnette se tient là devant moi.
Mais la tête, la troisième tête, sèche encore, à côté. La marionnette est incomplète, comme presque tout.
J’exécute alors une série de dessins, la représentant décapitée, en train de tenir sa tête dans son bras, un peu comme un enfant qu’on berce.
Je classe ensuite les dessins en deux catégories :
1- ceux dessinés sans me faire confiance
2- ceux dessinés en me faisant confiance
Les dessins du premier groupe n’ont rien à voir avec les dessins du second groupe.
Des dessins jaillissent de nouvelles pensées :
Je vois quelqu’un l’habiller et la déshabiller.
Je vois son cœur, un cœur rouge dégoulinant, qu’elle s’arrache et offre à quelqu’un.
Je vois un cœur éponge, gorgé de sang. Il dégouline tellement qu’on le lui rend, en la remerciant poliment.
Je vois des plaies, des cicatrices, des stigmates, se confondant avec les mots écrits sur son corps.
Je vois un chapeau sur sa tête. Un chapeau avec des poèmes dedans. Ecrits sur des confettis.
Des messages cachés un peu partout sur le corps. Le torse, les cuisses, autour du nombril, sur son sexe, sur ses fesses. Comme des prières, invisibles, inaudibles, indicibles.
Je la vois en train d’enlever son sexe.
Je la vois chercher et se débattre entre ses possibles identités.
Je vois : tout est bien sur à passer au « je ».
Je réalise que je suis cette marionnette, qui porte sa tête comme un fardeau peut être. Comme toujours, il s’agit d’un autoportrait.