... écrire, j'écris, je viens et je mets au monde un petit monde, qui comme un peuple se déploie et ne s'arrête pas de marcher, de passer et de repasser, d'habiter ma ville intérieure, de traîner par ci par là, ils flânent, ils filent, ils se croisent, ils s'entrechoquent, ils s'unissent, ils se divisent, ces fantômes, ces fictifs, j'écris pour les faire vivre, leur donner une voix, un nom, un corps, une âme, une épaisseur, même de pages, et d'encre, ils vivent et parfois meurent, écrire, et crier, je les crie, chaque mot est une image hurlée, un personnage gueulant, un monde de sons et de sens, un fil tendu, cousu, tramé aux carrés de tissus de nos vies d'Arlequins, j'écris cette métonymie, l'élément pour l'ensemble, la partie pour le tout, l'individu pour le groupe, le résidu pour l'entier, image tissée, tressée aux autres images et qui composent un réseau, un réseau global de pensée, des racines aux rameaux des mots, chaque mot est un être qui résonne d'aussi loin que l'humanité...