Survol de la nuit. Du monstre ailé qui vole, on peut voir des étoiles oranges, jonchant la terre noire, abyssale. On dirait des cailloux lumineux semés là par un petit poucet céleste, une Grande Ourse de réverbères. Des dizaines, des centaines de lignes droites, de ronds-points et de virages enlacent les collines sombres. Des masses brumeuses s'infiltrent entre nos hublots et le sol, et la voûte terrienne se floue sous un voile de nuages. Néant de brouillard, noir de nuit, nuée de cauchemars. Où se trouve-t-il cet enfant divin qui joue aux billes entre les collines ? Loin, très loin au-dessus de nous, un croissant jaune lance un sourire d'ironie. Je me demande ce qu'il pense de nous, de notre activité incessante. Qu'est-ce que peut bien penser du fond de ses cratères ce petit croissant de lune qui nous prend toujours de haut? Survol de la nuit, sous les yeux de l'univers, des petits dieux sèment la zizanie sur terre.