C'est ici ou jamais
l'hermite
Il cherche. Il cherche des raisons. Il cherche des explications. Il cherche des exonérations.
Une dynamique un jour s’est enrayée et il ne sait pas quel jour c’était. Il ne comprend pas pourquoi il est resté bloqué là. Pourquoi plus rien n’avance. Pourquoi plus rien n’a de sens.
Pourquoi la musique est devenue un bruit. Petit à petit, il a perdu ses amis, ses amours, ses idéaux, son travail, sa crédibilité, son panache. Il a perdu ses illusions, ses envies, ses désirs. Plus aucune ambition. Plus aucune prétention. Il cherche, à tâtons, dans l’obscurité. Où est le bouton sur lequel appuyer, pour faire toute la lumière sur cette histoire. Il cherche l’interrupteur.
Il marche dans la grande nuit de sa vie, il éclaire le cosmos, l’univers, à la bougie.
Il s’est perdu tout seul, dans un labyrinthe qui le dépasse. Alors en vain, il marche à reculons, il retourne sur ses pas. Mais rien n’est semblable à ce qu’il a connu. Non il ne reconnait pas ces lieux, il ne connait plus rien. Tout seul.
Il sait qu’il faut qu’il oublie. Qu’il accepte l’amnésie. Qu’il apprenne à aimer la nuit.
Alors, peu à peu, il arrête de chercher. Il ne cultive plus aucune curiosité particulière, ni pour soi, ni pour les autres. Et il se laisse lentement oublier.
Il ne désire plus connaitre, et bien que l'isolement lui pèse parfois, les autres l’ennuient quand même au point qu’il leur préfère et qu’il chérit sa solitude.
Sa propre personne ne l’intéresse pas non plus. Esseulé, il n’est pas pour autant devenu égocentrique. Il n’investit rien de particulier en lui-même, il ne se développe pas, car il ne croit plus en ces idéologies de la croissance.
Le monde le rejette et lui ne s'émerveille plus du monde. Il voit la bêtise et la médiocrité proliférer partout, et c'est là qu'il trouve sa propre poésie. Il se sent bien plus proche de Nietzsche ou de Rimbaud que de son voisin de palier.
L’unique activité qui l’accroche au temps, c’est peut-être d'écrire, de décrire minutieusement ce vide qui l’a envahit, comme une manière à lui de le remplir.
Mais qui s’y intéressera ? Ce n’est pas lui qui peut blâmer les indifférents.
