Les passions

C'est comme une morsure délicate, de celles qui procurent un mélange de douleur et de plaisir. C'est ce que je ressens quand je pense à cette femme qui sculptait des bijoux. Elle trafiquait des défenses de mammouth. C'était dans un désert, aux abords d'une oasis bruyante, qu'on rejoignait par des chemins de sable, en suivant les ânes. Je la vis affairée, le geste lent et précis, à limer l'ivoire, à le poncer au papier-émeri, à le façonner, à la seule force de ses doigts. Main contre défense, peau et pierre, parlant la même langue de la matière, présent et passé sculpté, travaillé, l'un aiguisant l'autre. Il y avait une odeur qui s'échappait de la masse pétrifiée de l'ivoire, l'odeur du mammouth, encore tenace et entêtante, des milliers d'années après. Lorsqu'elle chaussa sur mon doigt cette bague d'ivoire, ma main prit feu, un feu de vie qui venait de la terre. Un printemps, une irrépressible montée de sève, une ivresse tellurique s'empara de moi, me prit le bras et m'enlaça tout entière. J'avais retrouvé le pouvoir d'aimer, et l'envie d'offrir une fois de plus mon cou aux crocs de l'amour. Est-ce que je m'en mords les doigts ?

 

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