Les sorties étaient rares, les occasions de se nourrir culturellement aussi. La musique, c’était vital. C’était une bande originale sur le film monotone de la vie, une promesse de se languir à répétition, de combler le vide du silence, de décrocher de la morne solitude vers des rêveries rythmées, des mots, des mélodies. A cette époque, il y avait un supermarché qui vendait des disques. Il n’y en avait qu’un seul à des kilomètres à la ronde. Ce supermarché, avec son rayon disques, m’a fourni une bande son pour rêver, inventer, sublimer la réalité, et pour pouvoir comprendre les émotions qui secouaient mes tripes d'ado. Et si j'avais un monde parallèle à moi où je pouvais être libre, si je pouvais organiser tout un univers secret à l’âge où rien n'est permis, c’est bien grâce au supermarché Mammouth d'Hirson.