Dans les toilettes du chantier, parmi les mots et les dessins pornographiques, je lus cette phrase : « Entre la nuit et mon insomnie : ta frange. »
Et tandis que je pissais, je me dis: peut-être qu’il ne me faut pas trouver quelque chose ici, mais plutôt y déposer une part trop lourde, un rebus, un déchet qui me pèse. Peut-être le chantier est-il le seul monstre capable de recevoir, manger et digérer certains poids trop lourds à porter : les hélices cassées, les tôles rouillées, les fonds de cale trop pleins d’une accumulation maladive et névrosée de mauvaises pensées.
Le trésor se trouvait-il dans l’allègement possible offert par cet énorme lieu du lâcher prise ? Ce lieu, où sûrement chaque chose est un jour recyclée ou détruite par ce monstre qui avale, incorpore, dans ses blessures, en son sein de terre, toute la crasse des bateaux et des hommes.
Dans ce chantier, il ne fallait pas que je trouve quelque chose en plus, mais simplement que j’y laisse la part pourrie et rouillée de moi-même.