Karma

 

Quelle était la probabilité pour que cela m'arrive deux fois ? Quelles étaient mes chances d'être tirée au sort, et désignée encore et encore ? Combien de citoyens français peuvent en dire autant ? J'aimerais beaucoup avoir un ordre d'idée sur ces questions... J'en suis arrivée à la conclusion que je suis "jurée en série", comme d'autres sont tueurs en série ! C'est comme ça que l'idée du karma a émergé en moi.

 

car tout cela devait bien m'amener à voir plus loin que le bout de mon nez !

 

...

 

Pourquoi fallait-il que j'ai un souvenir si précis de Rémi, alors que je n'ai pas eu de relation directe avec lui, et si peu de contacts au final ?

 

Pourquoi fallait-il que ce soit précisément cette date là, en 2009 ? Et que ça nous sauve du tremblement de terre, ma compagne et moi ?

 

Pourquoi ?

 

...

 

Pourquoi de nouveau en 2020, dans le seul laps de temps, depuis au moins cinq ans, où je n'avais rien d'autre à faire, et rien d'autre à penser ?

 

Pourquoi ça m'est arrivé encore une fois, juste avant le basculement du confinement ? Juste avant de tomber dans une inactivité prolongée ? Juste avant d'expérimenter - malgré moi - le manque vertigineux de liberté, d'activité, de possibilités ?

 

...

 

J'ai toujours lu l'histoire de ma vie comme un récit tissé par de mystérieuses forces magiques, ce que j'appelle "le tricotage des anges". J'ai toujours constaté - a posteriori - qu'il y avait un sens caché dans les coïncidences apparemment fortuites d'événements, une forme de transcendance, un message à entendre et comprendre.

 

...

 

Dans la violence de l'affaire de Xavier en janvier 2020, il y avait comme l'annonce d'une violence à venir, dont je mesure à peine aujourd'hui, à la fin de cette année effarante, toute l'étendue, toute la "préméditation".

 

Tout était là, évident, et il fallait juste écouter...

 

A l'image de l'histoire de Xavier, ça a dérapé. Le marteau a frappé d'emblée trop fort. Des pouces coupés, on est passé aux jambes sciées, au déchainement d'une forme de folie pure, à des actes barbares d'amputations insensées...

 

Un an plus tard, j'ai la douloureuse sensation qu'une violence inouïe s'est abattue sur nos vies à tous, au point de faire de nos liberté de la charpie !

 

...

 

Les gestes barrière, la distanciation sociale, les visages masqués, les rassemblements interdits, les bars et les théâtres fermés, les festivals annulés, les re-confinements, le couvre-feu, les violences policières, les restrictions, les arrêtés, les décisions arbitraires...

 

La réclusion à perpétuité, avec 22 ans de sûreté, ne concerne plus seulement Xavier. C'est notre datte à tous maintenant !

 

Nous sommes tous devenus des criminels en puissance, coupables de trop aimer nos proches, accusés de mettre la vie d'autrui en danger, juste en respirant, en existant. 

 

Nous voilà tous à l'isolement, en détention préventive, en attente d'un procès, présumés innocents, mais de fait jugés d'avance comme des délinquants, passibles d'amendes et de poursuites, de peines d'emprisonnement, si par malheur nous sommes pris en flagrant délit de vouloir respirer à l'air libre, ou de danser...

 

...

 

Quand le président déclare solennellement la guerre à un organisme microscopique et déploie des porte-avions nucélaires pour combattre un virus...

 

Quand parlement et le sénat retouchent des lois constitutionnelles, piétinent les valeurs républicaines, bafouent des droits fondamentaux, déploient un arsenal policier, pour faire face à une crise sanitaire...

 

Quand tout un gouvernement justifie son action à coups de mensonges, impose des inégalités à l'ensemble de la société, décrète des aberrations, et institutionnalise l'absurdité, pour faire croire qu'il s'affaire à chercher des solutions...

 

Quand une nation qui se prétend être un modèle démocratique, économique et culturel n'hésite pas à s'auto-détruire en quelques mois...

 

Quand la dérive sécuritaire et la manipulation médiatique peinent à légitimer le pouvoir en place...

 

Quand ceux qui ont pour mission de faire respecter la loi la maltraitent chaque jour un peu...

 

... que reste-t-il de nos droits et devoirs de citoyens ?

 

...

 

La justice - comme le théâtre, la convivialité ou l'amour - n'est plus qu'un vieux souvenir du monde d'avant. Une illusion. Une chimère...

 

...

 

 

Et moi qui ai monté des spectacles pendant vingt ans, comment ai-je pu croire dans ce simulacre de démocratie, dans ce mauvais vaudeville de la justice ?

 

La Cour d'Assise n'a jamais été qu'une mise en scène destinée à glorifier la domination des riches sur les pauvres.

 

Comme ils sont ridicules, en vérité, ces magistrats cabotins, acteurs ratés, notables de province et enfants gâtés, caste de hauts fonctionnaires chichement rémunérés par les impôts de tous, pour juger de leur hauteur et de leur suffisance de fils à papa, de pauvres SDF, d'anciens gosses de foyers, que l'injustice organisée par l'Etat lui-même, a jetés dans la violence et la délinquance, afin d'assurer la continuité de sa toute-puissance.

 

 

...

 

 

Comme j'ai honte d'avoir voté ! Comme j'ai honte de m'être laissée prise au piège !

 

 

...

 

 

Ma seule certitude, c'est de voir aujourd'hui que les juges sont pires que les criminels qu'ils condamnent. C'est de savoir maintenant que l'Etat de droit n'est qu'une arnaque de plus parmi toutes les autres. C'est d'être consciente que l'injustice est l'unique loi qui soit.

 

 

...

 

 

Tout le reste relève du karma.

 

 

Jurée

 

 

 

 

 

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