m'aigrir d'insomnie
maigrir sans faim
boire à jeun
folle et forcenée
aigrie et obstinée
ne rien manger ni de la bouche ni des yeux
du réel ne respirer qu'un parfum imaginaire
que faire du nerf tremblant dans les jambes sous la table du festin ?
les doigts ne bougent pas mais on les voit se tordre en prières désespérées
mes doigts désonglés sous ma propre torture
sourire par contrainte
sourire d'avoir mal
autodétruire la pensée
de jaillissements empêchés de fulgurances avortées
mourir avant que de naître
aux mangeurs aux bouffeurs
à l'obscène comédie du bonheur
j'oppose l'ascèse
Les côtes saillantes
et l'ivresse
la révolte crispée, ruminée
dans le ventre creux
de la nuit