accro du texte
j'écris l'extase accrue
du fantasme des mots
le fantôme d'une morue
planant au-dessus
des orgasmes de sang
je t'écris mon amour
mes cris toujours trop tôt
t'octroyant en vrac et en panique
mes mots et mes caresses
mes désirs d'ivresse
et la peau de mes fesses
l'urgence d'une romance
coupée au subutexte
fait de moi l'esclave
d'un stylo malhabile
je m'amuse ma muse
à te sentir à te sniffer
d'une paille enfoncée
dans les narines
des sinus au cortex
tu finis en poudre
d'or dans mes textes
je m'accuse ma buse
de renifler
ces cristaux de mots
qui tapissent
de hauteur et de vertige
les parois escarpées
de mes abysses
j'abuse je ruse
certes par petites traces
car je manque de transe
je craque et
je traque mon revendeur
en pleine descente
tandis tu me laisses en plan
de pénurie dans ma rue
accro du texte
je t'écris sans jamais t'envoyer
je ne peux plus prétexter
ni t'adorer ni te détester
toi et ta poisse de tox férié
les embrouilles embrayent
sur la mauvaise came
l'embarras des bon potes
et les coups de pute
peu à peu empestent
l'air de rien
le fond du texte
et dans l'embrasure des lèvres
on voit le passage
du dire au médire
le cycle du sacre
au massacre
le besoin est toujours âcre
et moi incapable
de décrocher du texte
névrotexte
psychotexte
je suis de ceux
qui se shootent
à la fureur
de remplir en vain
les carnets de leur conscience
Peut-on espérer guérir
sans en mourir ?
quelle importance à la fin
j'assume ma dépendance
tout cela est si niais
tout cela est signé
consigné
et qui m'aime me crée
et qui m'aime me crame
me blâme et me fane
me renie et me renaît
et que brûlent ces maudits cahiers!
au fil des pages et des feuillets
l'amour s'est effeuillé
et les mots n'en ont rien à faire
de mon gouffre langagier
des fois petit insecte
j'entrevois au loin
la lumière du phare
des fois de nouveau je m'égare
vers toi je vais je rame je repars
et tous les efforts les renforts
côtiers essaient et s'emparent
de moi ils m'attrapent
et tentent d'arraisonner
de leur camisole de bien-être
mes faibles métaforces
mais aux lisières des tempêtes
le subutexte épars
pille au vent
mes dernières volontés
j'abdique un instant
un instant seulement car
accro du texte
à peine désaoulée
je repars vers l'océan
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