le livre de ma vie

J’écris le livre de ma vie, dans tous les sens. Et je ne sais toujours pas si je vis ce que j’écris ou si j’écris ce que je vis. Le tout prend forme quand je relis. Quand je relie les mots aux événements dans des phrases, et les phrases à des paragraphes, et les paragraphes au coeur d'une pensée ou au corps d’un livre, lui-même relié par des coutures, artères, vaisseaux, synapses, ou bien en dos carré-collé. Les pages de mon livre n’ont pas de numéro et tous les feuillets se sont mélangés chez l’imprimeur. C'est pourquoi, ce livre n'existe pas, ailleurs qu'en moi. 

 

Je rêve, le jour plus souvent que la nuit, que le livre que j’écris perd tout son sens. Que tout s’entremêle, que chaque lettre se dissocie, disloquant les mots, comme lorsqu’on finit une partie de scrabble et que l’on rassemble toutes les lettres en vrac.  

 

Parfois je conduis en voiture dans les allées de mon livre. Je slalome entre les paragraphes, je tourne les pages comme des virages et je constate que les choses ont un sens, une direction. Qu’il suffit d’y circuler. Puis soudain, un brouillard épais s’installe, et les allées se voilent, les voies se ferment. Les phares n'y font rien. Je me perds. Plus aucun mot n’a de sens, et je tourne en rond dans une page géante, comme sur une route déserte, sans savoir où je suis. Souffle alors un vent de feuilles déchaînées, qui volent dans les airs et s’éparpillent au sol.

 

J’écris le livre de ma vie dans tous les sens. C’est en l'écrivant peut-être que la vie se joue. C’est en les prononçant sûrement que les mots se dénouent. C’est en relisant à voix haute que le sens éclot. Et ainsi les choses se passent, elles fleurissent et fanent.

 

Les pages de mon livre ne sont pas classées et l’on peut les tourner à l’envers, lire tout en mode boustrophédon pour découvrir que l'essence était dans l’origine et non dans l’évidence sans fin.

 

Je rêve, la nuit plus souvent que le jour, que le livre est emprisonné dans ma tête et que j’écris pour le libérer. Je rends leur liberté à ces visions, qui nécessitent de s’habiller de mots justes. En écrivant mes rêves, je lutte contre ma propre censure qui m'empêche de les vivre. 

 

J’écris le livre de ma vie, dans tous les sens. Le chemin est encore long et l’allure est lente. Il n’a ni début, ni fin, ni queue ni tête, ni sens, ni direction, ni plan. Il n'a nul autre but que d’accrocher ma vie au présent éternel de l’écriture. C'est pourquoi, ce livre n'existe pas encore, autre part que dans les nuages. 

 

 

 

 

 

 

 

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