grignotage de carnet

Grignotage de carnet.

Par une nuit de brouillard épais, le stylo se fraie un passage au milieu des algues gelées. Des troncs de bois flotté descendent par le fleuve et se changent en cadavres noyés, en époques trépassées qui m’appellent avant de se diluer dans une brume d’horreur.

 

Grignotage de carnet.

Le stylo navigue sur le ruban de soie liquide du papier en crue. Les flots noirs des pages en feu font un bouillon de feuillets carbonisés dans la marmite du souvenir. Vapeur et bribes de mots décomposés s'atomisent dans l'air glacial. 

 

Grignotage de carnet.

Des yeux noirs nous observent depuis les murs qui bordent le quai. Des yeux noirs nous accusent, nous jugent puis referment les volets.

 

Grignotage de carnet.

Banc de square ou pont du bateau. L’encre s’ancre, s’attache, s’enlace et entame une danse, le bras replié et serré sur les hanches du papier. Ballet improvisé, ballet obligé avec ma mémoire. Faire quelques pas de côté, sans lui marcher sur les pieds. Il lui faut m’apprendre, encore et encore les danses non élucidées. La musique pourtant déjà s’efface, agonise dans un vague écho de désamour. Elle ne nous répond plus, ne rythme plus nos pas. J’ouvre les yeux : je dansais sur l'eau avec le brouillard. Le brouillard de ma mémoire. J’ai de nouveau tout oublié, même le nom de ce square, où mon stylo aimait pourtant venir se rappeler.

 

Grignotage de carnet.

J’ai oublié ce qu'elle m'a dit. Je ne l’ai pas noté. C'était un geste, un éclat, un élan, et il n’y avait pas de mot assez bien pour le traduire. J'ai fumé les restes du souvenir, et soufflé sur les braises d’un feu sacré. Ca me revient maintenant. C’était par une nuit de brouillard épais.

 

 

 

 

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