1ère nuit

D'une main franche, l'enfant est tiré à bord du bateau. L'homme lui fait un grand sourire. Il est petit, hirsute, mais sa poignée de main est si intime et si chaleureuse que ce geste semble inouï à l'enfant. 

 

Puis il défait la corde à peine enroulée au quai et disparait derrière un énorme gouvernail. Le vaisseau reprend le cours du fleuve, comme s’il dévorait la surface de l'eau. L’enfant reste figé sur le pont du bateau. Il passe ses premiers instants immobiles sur l'eau et sur le bateau en fuite sur le fleuve.

 

Le bateau est très long, on en voit presque pas le bout. Son corps de fer massif surnage à la surface tranquille de l’eau, contraste de poids et de légèreté. Il avance dans le courant du fleuve, au déroulé d'une multitude de couleurs changeantes. Un mélange d’ivresse et de bien-être, état limite entre épuisement et épanouissement, envahit l'enfant, qui ne sait que faire en cet instant suspendu au-dessus de l'eau. 

 

Le flottement soudain, la fluctuation ondulante de ce départ inattendu sur le bateau achèvent de le griser. Il ne peut plus que s’assoir sur lui-même et contempler, d’un œil vaincu et ému, la beauté inespérée du fleuve qui s’écoule sous lui, la fraîcheur vierge des berges qui défilent lentement de chaque côté. Le bruit du moteur envahit tout son esprit, jusqu’à se fondre dans les couleurs floues des arbres qui se reflètent dans l’eau. Bientôt tout se brouille, vision et son, dans un même mouvement impressionniste, comme une peinture qui dégouline et le tire sans qu'il ne puisse lutter vers le plancher d’acier du bateau. Il tombe au sol comme une pierre.

 

Première nuit

 

 

 

 

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