amie

compagne de mes souvenirs

grenier de mes rêveries

je sais tes moindres refuges
tous tes méandres
l'entrée de ton puits

je sais la cave
et le foyer de ton âtre
familière comme un visage d'ancêtre
tu es mon aïeule ma grand-mère
tu es cette vieille dame

cabane cahute ou maison de maître
brique après brique

tes escaliers qui craquent

aux charpentes chevillées

tes tuyaux cuivrés qui crient dans les siporex
tu as vu chacun de mes membres
aux hématomes égratignés

au mercurochrome fluo rosé

sur les genoux anguleux

de mes orteils à mon cortex

tu as vu chaque cellule

grandir et s'allonger
alter ego démontée rénovée

tu t'es construite une deuxième fois
déconstruite et reconstruite en même temps que moi
agrandie tu as grandi

tu as repoussé tes limites
en même temps que moi
et tes murs s'élevant
de leurs poussière de pierre
ont fait mes fondations d'enfant
de moi il t'ont
arrachée
vidée

vendue
liquidée
mais en moi ton lieu reste

immobile et immuable

voûte de mes rêves bizarres

et insoutenable décor
de tous mes cauchemars 

telle une âme au squelette de bois

au corps décomposé de briques, au dos écaillé d'ardoises

être d'amour de labeur et de craintes

tu es celle qui abrite toujours mes nuits

et veille o grande amie au-dessus de mes insomnies

 

 

 

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