Les paroles gelées - Rabelais

Les mots sont froids sur la langue, car en les prononçant -disant, écrivant, lisant-, nous les dégelons.

 

Nous leur donnons un nouveau souffle vital.

 

Les mots sont gelés, car ils nous préexistent toujours. Ils viennent de si loin que leur cheminement en nous est presque infini.

Les voix qui arrivent du silence sont de cristal, fragiles et diaphanes. J'aimerais ne pas avoir peur de les prendre dans mes mains. Comme ne jamais craindre le point final des phrases;

 

Les mots flottent, petits glaçons étincelants. Ils descendent le fleuve du temps, parviennent jusqu'à nous, épuisés. Depuis que les femmes de Thrace jetèrent dans le fleuve Hébros la lyre d'Orphée, les poètes sauvent les mots de leur noyade. Ils plongent dans l'eau froide, pour les secourir et les réanimer.

...

« Je me souviens qu'Aristote décrivait les paroles d'Homère comme voltigeantes, volantes, mouvantes et par conséquent animées. De plus, Antiphanes disait que la doctrine de Platon était semblable à ces paroles, qui en quelque contrée reculée, au temps d'un fort hiver, gèlent et glacent au froid de l'air, lorsqu'elles sont proférées, et ne sont pas entendues. De la même manière que ce qu'enseignait Platon aux jeunes enfants n'était compris d'eux qu'une fois qu'ils étaient vieux. Si, par un heureux hasard, nous nous trouvions à l'endroit où ces mots dégèlent, nous serions bien ébahis s'il s'agissait de la poésie et de la musique d'Orphée. »

Quart Livre, Rabelais... d'après ma traduction

 

 

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