Echo - Ovide

Que résonne en moi

l'Écho d'une écriture première.

 

Qu'elle vienne à moi

et me prenne dans ses bras.

 


...

« Écho, « la résonnante »

Jusqu'alors, Écho était un corps, non une simple voix, et pourtant, cette bavarde ne se servait pas autrement de sa bouche que maintenant : elle ne pouvait que répéter les tout derniers mots d'une longue phrase. C'était là l'œuvre de Junon : en effet, comme souvent, dans la montagne, Junon risquait de surprendre des nymphes couchées avec son Jupiter, Écho, avec sagacité, retenait la déesse par un long entretien pour permettre aux nymphes de fuir. La Saturnienne s'en aperçut et dit : « Sur ta langue qui m'a abusée, tu auras seulement un pouvoir réduit et un usage très limité de ta voix ». Elle exécute ses menaces. Ainsi, la nymphe répète les sons qui terminent une phrase, et reproduit les mots qu'elle a entendus.

 


Or, dès qu'elle vit Narcisse errant dans les forêts, elle brûla d'amour pour lui et se mit à le suivre à la dérobée. Et plus elle s'approche de lui, plus elle brûle : comme le soufre quand y approche une flamme. Que de fois elle a voulu l'aborder avec des mots caressants et lui adresser de tendres prières ! Sa nature s'y refuse, ne lui permet pas de commencer ; mais, elle est prête, chose permise, à attendre les sons auxquels elle renvoie ses propres mots.
 

 

Un jour, le jeune homme, séparé de ses fidèles compagnons, sentant une présence, dit : « Quelqu'un est-il ici près de moi ? » Écho répond: « Moi ». Narcisse s'étonne, il regarde autour de lui, et dit d'une voix forte: « Venez ! » Écho redit: « Venez ! » Il regarde encore, et personne ne s'offrant à ses regards, « Pourquoi, s'écrie-t-il, me fuyez-vous ? » Écho reprend: « Me fuyez-vous ? » Abusé par ces voix qui semblent se répondre, Narcisse dit « Rejoignons-nous », et Écho, qui jamais ne pourrait avoir son plus agréable à renvoyer, répondit : « Rejoignons-nous ». Enchantée par ces paroles, elle sortit de la forêt pour aller entourer de ses bras le cou tellement désiré ; Mais lui, il s'enfuit et dans sa fuite, il dit : « Que je meure avant que d'être à toi ! » Et la Nymphe ne répéta que ces mots, « être à toi ! ».

 


Écho méprisée se retire au fond des bois, dissimule sous les feuillages son visage honteux et, depuis lors, vit dans des antres solitaires. Pourtant son amour persiste, accru par la douleur du rejet. Les soucis épuisent son pauvre corps qui ne trouve pas le sommeil ; la maigreur plisse sa peau et toute la sève de son corps disparaît dans l'air. Il ne lui reste que la voix et les os : on dit que ses os ont l'aspect de la pierre. Depuis, elle se cache dans les forêts, invisible dans la montagne, mais tout le monde l'entend : car en elle subsiste sa voix.

 

Les métamorphoses d'Ovide (Livre III)

 

 

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